L'affaire ne se sera pour le moment jouée qu'en coulisses, et choisit enfin d'apparaître au grand jour. C'est à l'hôtel Casa del Mar, à Santa Monica, pour la réunion annuelle du American Film Market, où les investisseurs de différentes sociétés viennent placer leurs capitaux dans des films en recherche de financement, que Bryan Singer et le producteur Mark Canton ont pour la première fois présenté Red Sonja, en public.
Le projet a été présenté à plus de deux-cent investisseurs potentiels, avec les détails de productions nécessaires : un tournage prévu au printemps, en Bulgarie et avec un budget estimé à 70/80 millions de dollars. Une somme raisonnable, quoi que le cachet de
Singer devrait à lui seul couvrir une belle partie des dépenses (
dix millions, à supposer).
Cette relance de Red Sonja se confirme au passage comme un réel projet indé', autrement dit, sans soutien financier des six grandes majors d'Hollywood, ce qui s'explique en partie par le comportement déplacé de Singer pendant le tournage de Bohemian Rhapsody. L'absentéisme et le manque de professionnalisme du metteur en scène auront poussé la 20th Century Fox à se séparer de lui avant la fin du tournage, sur la demande de l'acteur principal, Rami Malek.
Le président du studio à l'origine du projet, Millenium Films, explique de son côté que les fameuses rumeurs vis-à-vis du comportement de Singer ne l'effraient pas - pas plus que l'actualité judiciaire du cinéaste, qui encourt en ce moment même un procès pour viol sur mineur, le quatrième de sa carrière.
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S'il était reconnu coupable de quoi que ce soit, peut-être que notre position serait différente. Mais pour le moment, c'est toujours le type qui a fait la saga X-Men", explique un investisseur. Aucun des investisseurs représentants n'a manifesté la moindre inquiétude quant à la situation du cinéaste, pas plus que sur son éviction
à tous les étages de la 20th Century Fox.
En résumé, le projet est bel et bien lancé. Le cas de Bryan Singer est un intéressant reflet de la réalité à l'ombre des grandes unes journalistiques du mouvement #MeToo, où d'aucuns associaient les témoignages de victimes à de la délation infondée susceptible de briser des carrières - dommage pour Louis C.K., Max Landis ou Bryan Singer, qui auront certainement subi quelques sourcils froncés au moment de régler au Starbucks. Du reste, il est apparemment toujours possible de décrocher un job à dix millions de cachet avec un procès en branle pour agression pédophile - soyez rassurés.