Objet très particulier dans le paysage des adaptations de comics, le récent reboot de Hellboy proposé par Lionsgate n'ira pas au-delà de sa première et unique aventure sur grand écran. Incapable d'amasser suffisamment de recettes pour couvrir ses frais de productions, sans oublier les énormes coûts publicitaires ou l'achat de la licence à Dark Horse Comics, le film de Neil Marshall est à ranger dans la catégorie des échecs réels, dont les pertes se chiffrent en dizaines de millions.
Dans ce genre de cas, la politique des sociétés de productions se traduit généralement par un silence pudique, en évitant au maximum de communiquer sur la marque pour la laisser mourir d'elle-même -
sans annuler les projets de suites, sans même les mentionner. Fort heureusement, les acteurs à grande gueule sont aussi là pour communiquer aux éventuels fans conquis qu'il va tout de même falloir passer à autre chose.
David Harbour s'est exprimé au sujet de
Hellboy chez
ComicBook, dans la mesure et la bienveillance qui caractérisent généralement ses prises de paroles. Entre les lignes, le propos est cependant explicite.
"Je ne pense pas que le film ait fait beaucoup d'argent. Je ne suis pas très au fait de ce genre de choses pour être honnête, mais je ne pense pas qu'il ait été vécu comme une réussite, et dans cette perspective, je ne pense pas que ça vaille la peine de se risquer sur une suite. A mon avis, mieux vaut tourner la page. Les producteurs m'ont félicité pour mon travail, ils ont aimé ce que j'ai fait dessus, mais je n'ai pas eu la moindre nouvelle à propos d'une suite potentielle. Et pour être honnête, je ne parierais pas dessus."
L'expérience de
Harbour, passé par pas mal de films de commande ou projets de studio du même genre, lui aura certainement appris les codes du double discours hollywoodien - en résumé, ne vexer personne, ni les fans
ni ses ex employeurs. Plus acide pendant la dernière
London Comic Con, l'acteur expliquait aux fans en conférence qu'il en avait "
fini avec les reboots", et souhaitait se consacrer à des projets de créations originales.
On comprendra pourquoi, le comédien ayant mouillé de près ou de loin dans Green Hornet, James Bond : Quantum of Solace, Suicide Squad ou The Equalizer. A différents degrés de réussite ou de participation active à chacun de ces rôles, on comprendra que le bonhomme ait envie de s'attaquer à des projets plus personnels à l'avenir, et éviter de repasser sous les séances de maquillages de son triste diable rouge.
La question qui se pose à présent : combien de temps mettra-t-on à retrouver un Hellboy valable sur les écrans de cinéma ou de séries télévisées ? Et combien de temps le monde de l'animation mettra-t-il avant de s'apercevoir du potentiel d'un Mike Mignola mouvant en deux dimensions ? Pour l'heure, la franchise est au placard, le temps de panser ses plaies.