A différents étages des industries de la culture, on consolide. On consolide pour devenir plus gros, parce que la concurrence a désormais l'allure d'une armée de titans : Amazon avec la plateforme Prime Video et ses multiples rachats, Disney avec sa panoplie de propriétés intellectuelles, Apple, Google, Sony éventuellement, et les quelques restes de l'ancienne oligopole que composaient jadis les six ou sept grands studios du cinéma hollywoodien. La culture et le divertissement de masse suivent l'adage le plus évident, face à un accélérationnisme culturel que personne ne tente franchement d'endiguer : s'adapter ou mourir, fusionner, concentrer les actifs, les employés et les propriétés pour devenir chaque jour plus gros.
Comme ça, si l'un des belligérants de cette guerre pour le contrôle des foyers finit effectivement pas tuer l'un de ses adversaires, il ne détruira pas une seule société et ses employés, mais un ensemble de petites structures mises bout à bout pour accoucher d'un groupe. Histoire de faciliter les choses : pourquoi s'embarrasser la vie à faire du cas quand on peut accélérer le chemin vers pôle emploi avec une seule grosse holding prête à s'effondrer ?
Mais, avant la guerre, les différents camps fortifient leurs forticiations
Après avoir reçu l'aval du département américain de la justice,
au mépris des lois anti-trusts et de la libre concurrence prônée par le système politique local, la fusion
Warner Discovery a ainsi reçu l'aval des actionnaires du nouvel acquéreur. Pour rappel, après avoir racheté la structure
Time Warner à l'époque (contre un énorme paquet de pognon), le géant des télécommunications
AT&T s'était aperçu que la facture avait été, en définitive, un peu trop salée. Après avoir dépensé énormément pour monter la plateforme
HBO Max et essuyé une vague de pertes sèches liés à la pandémie de COVID-19,
AT&T avait ainsi préféré couper court aux dépenses
en se séparant de Time Warner (devenu, entre temps, le groupe
WarnerMedia) et en revendant ces actifs au groupe
Discovery, un autre géant, mais cette fois plus spécialisé dans l'industrie de la télévision.
Le vote des actionnaires était une simple formalité administrative, et l'une des dernières étapes à franchir avant de finaliser la transition de WarnerMedia vers Warner Discovery. Selon Variety, celle-ci devrait être achevée d'ici le milieu du mois d'avril. Seront alors ajoutées à l'énorme catalogue de sous-sociétés détenues par Discovery les antennes HBO, HBO Max, CNN, Warner Bros., DC Films, New Line Cinema, TBS, TNT, TruTV, Cartoon Network/Adult Swim, Turner Sports et Rooster Teeth, ainsi qu'une partie de la CW en attendant que la chaîne se fasse elle-même racheter par un autre conglomérat. Ce capital net représenterait une valeur boursière de 43 milliards de dollars - c'est en tout cas ce qu'a dû dépenser Discovery pour s'offrir l'ensemble de ces propriétés, parmi lesquelles figurent, évidemment, DC Entertainment et le département DC Comics pour la bande-dessinée. De son côté, AT&T a encore 152 milliards de dollars de dette à rembourser pour retrouver un minimum de flottaison.