Evénement de cette année dans le parc fermé des adaptations de comics (faute de concurrence ou de prise de conscience sérieuse de l'industrie sur ce front particulier), Spider-Man : Across the Spider-Verse représente également un moment charnière pour le cinéma d'animation en règle générale. Dans un marché dominé par l'imagerie en trois dimensions, le film de Phil Lord, Kemp Powers, Joaquim Dos Santos et Justin K. Thompson se reconnecte à l'esthétique comics - impression d'aplats en deux dimensions à plusieurs niveaux, effets de superpositions, une authentique déclaration d'amour à la bande-dessinée mise en mouvements couplée à une impressionnante quantité de designs, de styles, de tonalités visuelles.
Artbook of the Art
Si ce résultat n'aura pas été obtenu sans un certain effort (et un reflux particulièrement intensif pour les animateurs face à
une chaîne de commandement monolithique, désaccordée et extrêmement exigeante),
Spider-Man : Across the Spider-Verse passe pour un des films les plus beaux et les plus généreux de cette année. A l'instar du premier volet, l'artbook du film était donc très attendu par de très nombreux fans. Aux Etats-Unis, celui-ci est disponible depuis hier (lundi 3 juillet 2023) avec 224 pages au compteur, pour 300 photographies, croquis, illustrations préparatoires, en somme, une bible plutôt épaisse pour détailler le processus de fabrication.
Spider-Man: Across the Spider-Verse: The Art of the Movie propose d'étudier de l'intérieur certains des choix artistiques opérés par les équipes en charge de la conception du projet. Les influences, les choix qui ont guidé les artistes, les directives éventuelles - pour faire court, une note d'intention plus explicite. L'album permettra peut-être d'en apprendre plus
sur le personnage de Gwen Stacy par exemple, ou sur la façon dont les illustrateurs ont décidé de modeler un
Miguel O'Hara plus menaçant, plus épais en muscles et plus bestial que son équivalent séquentiel des comics
Spider-Man 2099.
L'artbook est livré avec des commentaires des deux producteurs (Lord et Miller), des trois metteurs en scène (Dos Santos, Powers, Johnson) et des preneurs de décision de Sony Pictures aux étages du dessus (Christina Steinberg, Amy Pascal et Avid Arad) pour celles et ceux qui s'intéressent à ce que cette poignée d'individus louches pourrait bien avoir à raconter. On imagine assez facilement des anecdotes gorgées de détail où Arad expliquerait comment il a tenté par tous les moyens d'insérer Venom et Morbius dans le film, jusqu'où moment où Phil Lord, acculé, aurait fini par l'enfermer dans les caves du studio en l'appâtant avec des propositions de scénarios nuls consacrés à des vilains de Spider-Man inintéressants. C'est un peu son herbe à chat à lui, faut pas chercher plus loin.
Les éditions Abrams Books, qui publient l'ouvrage aux Etats-Unis, ont publié une première série de visuels publicitaires.
Malheureusement, cet artbook ne sera pas proposé en France chez HiComics, comme l'avait été celui de Spider-Man : Into the Spider-Verse. L'éditeur Sullivan Rouaud s'était exprimé sur ce sujet dans le podcast First Print ("hein, qui ça ?" haha, z'êtes drôles). Reste à voir si une autre enseigne veut se positionner sur une édition locale pour notre territoire. Pour rappel, Spider-Man : Across the Spider-Verse a attiré plus d'1,5 millions de spectateurs en France, un score plutôt confortable qui place le film dans le top 10 des plus gros succès de cette année sur le marché local.