Ça en fait, des cérémonies. Et voilà comment ça fonctionne à Hollywood : quelques organisations ou institutions organisent leurs propres foires aux statuettes dans une optique généraliste (la Golden Globe Foundation, l'Académie des Oscars), et puis, pour les spécialistes, l'essentiel des grands corps de métiers syndiqués s'organise pour des événements plus précis. Comme ça tout le monde est content. Pour les scénaristes, par exemple, la Writers Guild of America célèbre chaque année la cérémonie des WGA Awards. Et ainsi, les autrices et les auteurs du cinéma et de la télévision ont la possibilité de se remettre des prix plus variés... ou de ne pas limiter les récompenses aux membres spécifiques de telle ou telle organisation. C'est vrai qu'on n'y pense pas au quotidien, mais l'Académie des Oscars ne compte que 10.000 membres, tous corps de métiers confondus (acteurs, réalisateurs, producteurs, scribes, etc).
De son côté, Writers Guild Awards revendique pas moins de 20.000 scénaristes syndiqués. D'où l'importance de se faire une petite idée du déséquilibre et des réalités de ces remises de prix une fois proportionnées à leurs contextes individuels.
Le Pingouin et sa Plume
Et en l'occurrence, les organisateurs des WGA Awards ont l'habitude de se faire plaisir avec une grosse, grosse pelletée de catégories, qui embarquent à la fois les séries (avec tous les formats associés), les films, les documentaires, l'animation... mais aussi les reportages télévisés, les articles de fond dans la presse écrite, les émissions de radio, et même certaines publicités. Oui : le "Writers" dans le titre "Writers Guild of America" ne se restreint pas au seul métier de scénariste, mais bien d'auteur dans les grandes largeurs. Sans distinction de forme ou de support. Du moment qu'un cerveau humain a couché un texte sur du papier, la porte est grande ouverte et les statuettes prêtes à l'emploi.
Avec une exception notable, bien entendu, puisque le syndicat ne représente pas les créateurs de comics. Ce serait malheureux : avec une industrie qui fonctionne déjà tellement bien pour la défense des professionnels, imaginez qu'une guilde vienne foutre le bordel avec ses revendications, ses grèves, ses exigences de salaires minimums, ses intéressements aux pourcentages des ventes ou en cas d'adaptation... Haha. L'enfer, quoi. Non non, soyons sérieux. Quand un truc marche à merveille, à quoi bon vouloir le changer.
Les comics étaient pourtant bien présents sur cette cérémonie annuelle des WGA Awards : la dernière saison de The Boys était en lice dans la catégorie des Meilleures Séries Dramatiques, et la série The Penguin de Lauren LeFranc en compétition pour le prix de la Meilleure Mini-Série. Les résultats sont tombés ce weekend : si le Homelander et sa bande de patriotes souriants est rentrée bredouille (tombée au combat face à l'ouragan Shogun, qui a encore une fois remporté la timbale sans effort), le spin-off de The Batman a ramassé une nouvelle victoire à ajouter à son tableau de chasse.
The Penguin a effectivement remporté le titre de la
Meilleure Mini-Série face à
Présumé Innocent,
Ripley,
Say Nothing et
True Detective : Night Country. Oui, la chaîne
HBO avait deux candidats en lice pour le titre. Techniquement, on peut toutefois se demander pourquoi
True Detective est encore considérée comme une série limitée. Oui, d'accord, c'est une intrigue fermée, mais dans les faits, la marque fonctionne plutôt comme une anthologie à la
American Horror Story ou
Fargo, sans éléments de liant entre les différentes saisons. Ceci dit,
The Penguin n'est pas non plus assurée
de rester une mini-série d'ici les prochaines années... alors mettons, balle au centre ?