Fin de l'appel pour l'événement monté entre Marvel et les studios Toho. En décembre dernier, la maison d'édition avait annoncé une opération de grande ampleur pour organiser une rencontre entre les personnages de son catalogue et le monstre géant du cinéma asiatique. Projet : publier six numéros #1 par six équipes créatives différentes, avec au programme, du Godzilla contre les Quatre Fantastiques, du Godzilla contre Hulk, du Godzilla contre Spider-Man, du Godzilla contre les X-Men et du Godzilla contre les Avengers. Ne manquait plus qu'un numéro de clôture pour solder l'affaire, et en l'occurrence, l'éditeur a peut-être enfin trouvé un concurrent sérieux pour taper le gros lézard. Ce sera donc Roi d'Asgard contre Roi des Monstres pour le bouquet final.
War of Kings
Dans le communiqué de presse qui accompagne cette année, Marvel défend au passage la stratégie développée tout au long de cette rencontre filée : apparemment, le voyage de Godzilla à travers l'univers des super-héros n'aurait pas seulement été géographique, mais aussi temporel. En allant se savonner avec les Fantastic Four, la bête aurait ainsi visité le paysage impeccable des années soixante et les débuts de l'âge d'argent, avant de se cogner contre le Hulk des années soixante-dix, le Spider-Man des années quatre-vingt, les X-Men des années quatre-vingt dix, les Avengers des années deux mille... et ainsi de suite jusqu'à Thor. Et effectivement, si on regarde les designs et les costumes présentés lors des annonces de chacun de ces numéros, ça fonctionne. C'est même pour ça que Peter Parker porte encore le costume noir au moment de croiser l'énorme créature.
Et le processus est finalement plutôt intéressant, dans la mesure où cela signifie que Marvel considère que ces différentes équipes sont associées à des périodes précises. En somme, c'est un peu comme si chaque génération avait eu ses propres champions, et que les champions en question étaient les meilleurs représentants de chaque génération. Et symboliquement, l'éditeur a donc envie de vous expliquer que les Fantastic Four n'ont jamais été aussi exceptionnels que lors de leurs débuts, entre les mains de Jack Kirby, ou que les X-Men de Jim Lee resteront comme les plus importants, voire que les Avengers de Bendis sont peut-être bien les meilleurs Avengers. Et en partant de ce principe, Godzilla aurait donc affronté les plus grands et les plus fiers souvenirs de toute l'histoire de la Maison des Idées. C'est beau.
Et c'est même assez amusant, puisque, au moment de choisir le champion capable de représenter au mieux l'excellence des comics Marvel dans les années deux mille dix, l'éditeur a immédiatement pensé au passage de Jason Aaron sur Thor. C'est normal : même si d'autres postulants auraient pu candidater (Hawkeye, Spider-Gwen, Black Panther...), ce volume particulier a duré plus longtemps que les autres, le personnage lui-même est naturellement un peu plus populaire que la moyenne... et puis, il est surtout capable de tenir la dragée haute à Godzilla, ce qui n'est pas forcément le cas de tout le monde. En l'occurrence, Marvel en profite pour organiser un vrai faux come back : Aaron lui-même se chargera du scénario sur le numéro Godzilla vs Thor en compagnie de l'artiste Aaron Kuder.
Et quel scénario. Le descriptif est formel : le clan ninja de La Main a finalement trouvé un réceptacle idéal pour accueillir l'entité mystique de "La Bête", un démon très puissant que ces fanatiques ont tendance à vénérer, et qui s'incarne physiquement en prenant possession d'un corps qui lui sert d'hôte. Alors, vous avez sans doute déjà deviné où va ce paragraphe. La Bête va prendre possession... de Godzilla. Oui. Voilà . Finalement, les bonnes idées, on se casse la tête à les chercher alors que souvent, c'est pas tellement compliqué. Tout repose là -dessus : il suffit d'oser.
Bref, une histoire qui ne devrait probablement pas chercher très loin (et ne livrera pas de complément utile au volume de Jason Aaron sur Thor - mais en même temps, avec Godzilla sur la couverture, la canonicité aurait probablement été toute relative) avec un numéro annoncé pour le 2 juillet 2025. Kuder signe la couverture, en attendant les variantes de Mark Bagley, Gavin Guidry, Nick Bradshaw et Walt Simonson.