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Portrait de géant #2 : Barry Windsor-Smith

Portrait de géant #2 : Barry Windsor-Smith

chronique

Nouveau rendez-vous sur COMICSBLOG.fr, Portrait de géant vous propose de revenir 2 fois par mois sur la carrière et le parcours de ces légendes qui ont fait des Comics ce qu'ils sont aujourd'hui. Neal Adams, Bernie Wrightson, Gene Colan, Stan Lee, Jack Kirby, Joe Simon et j'en passe, tous auront le droit à leur portrait dans les semaines à venir ici même ! 

Cette semaine c'est d'un créateur plus proche de nous que l'illustre Steve Ditko qu'il s'agit, puisque nous allons nous attarder sur la brillante carrière du très british Barry Windsor-Smith !
(Cliquez sur les images pour les agrandir)

L'homme

Derrière ses travaux souvent violents sans jamais être dénués de sens se cache un homme d'une soixantaine d'années, né en 1949 dans le quartier de Forest Gate à Londres. Etudiant au East Ham Technical College , Barry Smith fait ses premières armes dans le design et l'illustration, l'amenant très vite à s'expatrier pour travailler dans le milieu qui lui était pré-destiné : les Comics.
Connu pour son trait vif et tranchant, le Londonien fit également parler de lui grâce à ses nombreux déboires avec l'administration, le poussant en 1968 à être renvoyé des Etats-Unis pour la Grande Bretagne alors qu'il travaillait aux côtés de légendes telles que Stan Lee et Jack Kirby. C'était pourtant bien mal connaître le caractère acharné et travailleur de celui que beaucoup nomment BWS, puisque vaille que vaille, celui-ci fit tout pour retourner aux USA dès que possible et l'avenir lui donnera entièrement raison.
Aujourd'hui culte, l'auteur s'est pourtant longtemps cherché avant de trouver "son" style, qualifiant lui même ses premiers travaux "d'amateurs et malhabiles" et de pâles copies du King Kirby. Vainqueur de plusieurs prix significatifs tels que le Shazam Award en 1974 ou un Eisner Award en 2008, l'homme est pourtant très loin de ces considérations et du "show business" dans lequel s'enferment parfois quelques auteurs bien connus. Franchement discret, Barry Windsor Smith a toujours porté un intérêt tout particulier à être connu et reconnu pour son art plutôt que par ses frasques.

Sa carrière

Avec un premier essai en 1967 dans les pages de Powerhouse Pinups, titre reprenant des héros Marvel au Royaume-Uni et publié par Odhams Press, BWS commence une très longue carrière qui connaîtra beaucoup de hauts et quelques inévitables bas.
C'est grâce à son trait purement hérité de Jack Kirby que le légendaire Roy Thomas lui confie dès 1969 la responsabilité d'un épisode entier (couverture et intérieurs) de X-Men (Vol.1), le numéro 53 pour être précis. Enième anecdote de sa carrière un peu folle, Barry Smith dessine la plupart de ces numéros sur des bancs de parcs Anglais, chassé de son hôtel et/ou sans studio à de nombreuses reprises!
Faisant fi de ses problèmes de visa et autres déboires avec l'administration, l'auteur continue à travailler pour Marvel à distance, de sa résidence Anglaise où il envoie par colis ses travaux à Thomas.
C'est d'ailleurs ce même Roy Thomas, décidément capital en ce qui concerne les tournants de la carrière de Barry Smith qui le confiera son premier travail légendaire avec l'adaptation du Conan de Robert E. Howard dans Conan the Barbarian #1 en 1970. Pour la petite histoire, c'est avec cette série que l'auteur va obtenir son permis de travail et retourner habiter aux USA, enfin ! Si Conan est si important pour la carrière du Londonien, ce n'est pas seulement parce que celui-ci va affirmer le style que l'on lui connait aujourd'hui, mais également parce qu'il y a fera ses premières armes en tant que scénariste, double casquette qu'il n'hésitera pas à revêtir de nombreuses fois dans les années à venir, notamment sur l'oeuvre de sa vie : L'arme X. Créateur de la version Comics de Red Sonja (aujourd'hui publié par Dynamite), l'auteur amène celle-ci dans son dernier numéro à la tête des aventures de Conan avec le numéro 24 intitulé "The song of Red Sonja".
Eternel perfectionniste (certains diront insatisfait), l'auteur quitte Marvel après une expérience amère qui l'a vu dessiner un épisode de Dr Strange réarrangé par Stan Lee au moment de sa sortie pour coller au jeune lectorat de la maison M. Ecoeuré par cette histoire, Barry Smith prendra une première fois ses distances avec l'industrie des Comics, jugeant son travail trop bridé par l'industrie qui veut rendre accessible son trait aux plus jeunes.

Pour rajouter quelques lignes à la partie "Gossip" de sa carrière, on se souvient que c'est à ce moment qu'il ajoute "Windsor" (le nom de sa mère) à son nom d'artiste, passant de Barry Smith à Barry Windsor-Smith, tel qu'on le connait aujourd'hui.
Détail dans sa longue carrière, il crée à l'époque (en 1974) Gorblimey Press avec Linda Lessman, éditeur au travers duquel il publie plusieurs prints et illustrations autour de la Fantasy et notamment le très côté The Gorblimey Press catalogue où sont présents les meilleurs travaux de la maison Gorblimey en pleine page. Un must have recherché par de nombreux collectionneurs aujourd'hui !
Dans la foulée il fondera The Studio avec les sommités du milieu que sont Bernie Wrightson, Jeff Jones et Mike Kaluta, qui comme son nom l'indique est un studio regroupant les artistes pré-cités. Cette collaboration donnera notamment naissance en 1979 à un autre ouvrage très recherché aujourd'hui : The Studio, artbook montrant les plus beaux travaux des uns et des autres. Notez que le premier tirage de l'ouvrage se trouve aujourd'hui à des prix frôlant le demi-millier de dollars !

Les années 80 sont pour Barry Smith le signe du retour aux comics mainstream, chez Marvel dans un premier temps avec Marvel Fanfare #15, Uncanny X-Men, Daredevil ou les Fantastic Four, sans un succès brillant toutefois, l'auteur réalisant seulement quelques fill-in de ci de là... Il tentera ensuite sa chance chez DC Comics avec le projet caritatif Heroes against Hunger , série qui voit ses bénéfices aller à des associations contre la famine. 
Contrairement à ce qu'on peut penser dans un premier temps, les années 80 représentent la période la moins prolifique de sa carrière à très peu de choses près puisque c'est en 90 qu'interviendra ce que beaucoup considèrent comme son chef d'oeuvre ultime : Weapon X.
Paru initialement dans Marvel Comics Presents #72 à Marvel Comics Presents #84 (de 1990 à 1991, donc), cette série fait aujourd'hui encore figure de Must Have absolu pour tous les fans de Wolverine. C'est avec son trait froid caractérisé et une palette de couleurs totalement novatrice pour l'époque que l'auteur écrit et dessine sa vision de l'expérience dont fût victime James Howlett A.K.A Logan dans sa "jeunesse". Violent, poétique, incontournable, quasi-onirique derrière ses atours de boucherie, ce récit fait toujours partie aujourd'hui de la continuité officielle du griffu, chose suffisamment étonnante pour le noter. Le titre est d'ailleurs considéré à raison comme le plus beau chef d'oeuvre des années 90 par de nombreux lecteurs.
Approché par Jim Shooter pour aider l'étoile filante Valiant Comics ensuite, l'auteur s'affranchit de son contrat avec Marvel et réalise quelques épisodes aujourd'hui cultes de Turok, Doctor Solar ou X-O Manowar. Là aussi cultes, ces titres sont aujourd'hui très recherchés par les complétistes de l'oeuvre de Barry Windsor-Smith, signe de leur grande qualité.
Véritable victime de la bougeotte, l'auteur migrera encore 2 fois dans les 90's, vers Image dans un premier temps pour signer le premier épisode de Wildstorm Rising, crossover de l'époque, puis vers Dark Horse où il y signera la collection Barry Windsor-Smith presents, mettant à l'honneur the Paradoxman, Young Gods (un hommage au maître Kirby) et The Freebooters. L'expérience durera 9 numéros et certaines histoires telles que Young Gods et the Freebooters sont aujourd'hui trouvables en Hardcover assez facilement sur le marché. Cordialement ignoré par beaucoup, Young Gods représente pourtant un hommage poignant aux New Gods de Jack Kirby ainsi qu'à sa version de Thor. Si vous tombez dessus, foncez, COMICSBLOG.fr vous le recommande chaudement après la lecture des New Gods !

Son héritage.

Discret depuis des années (bien qu'il ait avoué en 2006 être en pourparlers avec Marvel pour la publication d'un titre autour de La Chose et que son arlésienne Monster devrait bien sortir un jour ou l'autre), Barry Windsor-Smith est une inspiration capitale pour beaucoup de jeunes artistes. On pense en tête au Wolverine d'Olivier Coipel qui empreinte à sa manière beaucoup au design de celui de BWS ou aux techniques de colorisation novatrices d'un auteur que beaucoup ont renié à une époque mais qui, à l'image de génies de la trempe de Steve Ditko ou Jack Kirby, a toujours eu une longueur d'avance sur ses confrères illustrateurs. Un grand bonhomme malheureusement trop rare dont on aimerait voir sortir les derniers travaux un jour ou l'autre... A signaler qu'il a d'ailleurs gagné sa place au Hall of Fame des Eisner Awards en 2008, venant l'ajouter au panthéon des acteurs majeurs de l'histoire des Comics Books. Respect.

On vous laisse avec une vidéo de quelques illustrations réalisées de sa main de maître et on vous dit à bientôt pour un nouveau Portrait de géant !

 

Sullivan
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