Toujours autant impliqué du côté du cinéma, Mark Millar continue pourtant de produire de nouvelles séries de comics à un rythme presque alarmant. Récemment, ils nous a ainsi offert Chrononauts, Huck ou encore Empress, tout en travaillant sur les séries qui ont fait sa renommée, à commencer par Kick-Ass. Et avec la sortie de Reborn hier chez Image, le scénariste nous montre qu'il n'est pas près de poser sa plume. Moralité, il revient avec toutes les qualités mais aussi tous les défauts qu'on lui connaît.
Bienvenue dans le monde d'une vieille femme qui chaque jour, voit ses proches disparaître les uns après les autres. Une forme de torture qu'on finira tous par connaître et qui obsède assurément un Mark Millar inquiet et papa qui dépassera bientôt la moitié de siècle. Il lui reste encore de beaux jours devant lui mais comme nous tous, on imagine que les questions l'attaquent lors de longues nuits d'insomnie ou de purs moments de nostalgie. Quand on est lecteur, on respire un bon coup. Quand on est auteur, on écrit pour s'exorciser, et c'est ce que fait très bien Millar avec ce premier numéro de Reborn, dans laquelle on retrouve la sincérité presque touchante de ses écrits les plus récents, du familial Empress à l'anti-Man of Steel Huck en passant un Chrononauts qui était une fable dopée au voyage dans le temps sur l'amitié.
Autre habitude typique de l'auteur qu'on retrouve ici : la puissance du pitch original. C'est toujours dans la simplicité que Mark Millar trouve ses meilleures idées et Reborn ne va pas nous faire dire le contraire, puisque c'est avec une rapidité et en même temps une certaine classe que l'auteur pose sa diégèse et nous donne immédiatement envie d'en savoir plus : quel royaume nous attend après la mort ? L'univers que le scénariste devrait développer dans les numéros suivants, qui pourraient bien rappeler un certain Requiem : Chevalier Vampire, et qui se dessine déjà un peu ici, assurément. Le terme n'est d'ailleurs pas choisi au hasard puisqu'il me permet d'embrayer sur ce bon Greg Capullo, qui reprend ici les crayons pour la première fois depuis son long run sur Batman.
Et on doit bien le reconnaître, le premier fan de Black Label Society au monde se montre très en forme dans les premières pages de ce numéro. Si la composition n'est pas renversante, les planches ont toutefois le mérite d'être très fouillées et pleines de détails. C'est donc avec un certain entrain qu'on rentre dans ce numéro, qui hélas, déçoit sur la durée visuellement parlant. Quelques pages plus tard, on retrouve en effet le Capullo qui se contentait des aplats de couleurs en guise de fonds, celui des sombres heures de Zero Year et de son dernier arc en date sur le chevalier noir. L'ascenseur émotionnel est terrible, mais ne nous empêche pas d'être intrigués par l'univers de Fantasy original qui pourrait naître des planches du dessinateur, qui souffre toutefois de la comparaison avec le travail de Jerome Opena sur Seven to Eternity, sorti il y a quelques semaines chez Image.
Moralité, on retrouve dans ce Reborn #1 tous les atouts des écrits de Millar : une narration fluide, qui va au fait et pique notre curiosité en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Cette fois accompagné d'un Greg Capullo instable mais lui aussi plein de ressources, le scénariste écossais ne se réinvente pas et nous propose un pitch en or massif qui pourrait hélas attendre une adaptation au cinéma pour révéler son plein potentiel. C'est désormais une habitude dans le Millarworld, reste à savoir si vous avez envie de jongler avec ou non, une nouvelle fois : de notre côté, on reste sur notre faim, mais on se dit que les jolies promesses de ce single nous maintiendront rassasiés jusqu'au mois prochain.