Batman est un membre fondateur de la
Justice League. Au même titre que
Martian Manhunter ou
Wonder Woman ou même
Iron Man pour les
Avengers chez la concurrence. Mais ça ne veut pas dire qu'il est forcément un grand fan de l'idée. Après tout, le personnage n'est pas le plus grand joueur en équipe qui soit et si sa présence au sein de la ligue est indiscutable, son rôle dans celle-ci a toujours été un peu trouble.
Mais pas dans le film
Justice League de
Zack Snyder et
Joss Whedon, dans les salles obscures depuis hier. Dans ce métrage, et comme nous l'annonçait déjà
Batman v Superman, c'est le
Batman incarné par
Ben Affleck qui jouera le rôle d'initiateur de la
Justice League, ce que je trouve délicieusement ironique.
Un Batman radical
D'une part, vis à vis du passé du DC Extended Universe. Jusqu'au-boutiste, Batman était prêt à tous les sacrifices pour débarrasser le monde de Superman. Il lui a suffit d'un nom pour changer d'avis, et on ne reviendra pas là-dessus, mais je crois que le revirement de situation est presque plus gênant dans Justice League qu'il ne l'est dans Batman v Superman, qui avait pour lui un troisième acte chaotique nous obligeant à ne pas trop y penser.
De son côté,
Justice League se déroule tout doucement et suit un rail qui ne tente jamais de virages et encore moins de loopings. On nous explique ainsi que c'est
Batman qui va former la
Justice League, tout inspiré qu'il est par le sacrifice de ce bon
Kal-El. A la rigueur, pourquoi pas.
Batman est un fin stratège, un esprit brillant - quoique troublé - et un combattant compétent. mais dans le monde établi par le
DC Extended Universe, j'ai tout le mal du monde à y croire. Pour la simple et bonne raison que le
Batman présenté par ce monde transpire la paranoïa et l'instabilité.
Des caractéristiques que j'ai toujours trouvées essentielles à une bonne histoire de Batman. Et justement, on les retrouve dans la plupart de ses aventures, que ce soit dans les librairies bien sûr, et même dans des films et jeux-vidéo. Voilà pourquoi une Justice League à l'initiative de Batman me semble doublement ironique. Ce n'est jamais que ma lecture personnelle du personnage, mais il semblerait que l'histoire éditoriale du héros soit très portée sur sa paranoïa, et notamment lorsqu'il décide de jouer en équipe.
Paranoïaque mais prévoyant
Batman aura toujours un plan pour contre-carrer ses amis. Pour contenir leurs pouvoirs. Pour s'assurer un ou deux mouvements d'avance. Il ne peut pas s'en empêcher. Ça fait non seulement partie de son caractère mais aussi de son modus operandi. D'ailleurs, lorsqu'il est en difficulté, c'est souvent quand ses adversaires le rattrapent sur l’échiquier. Et si j'ai toujours trouvé cette facette du personnage détestable, il ne faut pas oublier que ce sont ce genre de détails exécrables qui nous rendent accros à tel ou tel héros.
Il est d'ailleurs intéressant de remarquer que le
Justice League avorté de
George Miller (Mad Max : Fury Road) aurait utilisé la paranoïa de
Batman et ses fameux plans comme des catalyseurs de son intrigue. Comme des centaines de comics avant lui d'ailleurs, mais la dynamique des personnages aurait alors été typique des comic books
DC, avec un Batman cruel qui finit par apprendre une leçon en acceptant de jouer en équipe.
Le personnage ayant un problème avec la notion de confiance, ce concept est donc archi-fidèle à l'idée que je me fais du héros et j'aurais beaucoup aimé le voir transposer à l'écran après l'avoir vu en action pendant tant d'années dans des planches de BD. D'autant qu'un tel arc narratif aurait l'avantage de sortir de nos héros des situations qu'ils rencontrent le plus dans les salles obscures.
On dit souvent que les héros DC sont des dieux, ou presque, et je trouve que voir la Justice League s'unir, se diviser puis se rassembler à nouveau dans une même histoire évoque directement l'idée d'un panthéon qui se chamaille. Encore une fois, une belle manière de rendre hommage à la nature des personnages de la maison aux deux lettres, tout en proposant une situation un minimum originale. De mon côté en tous cas, je n'aurais eu aucun mal à imaginer le Batlfeck dans une situation aussi délicate que périlleuse, alors que ses plans pour contre-carrer ses amis éclatent au grand jour ou pire, sont utilisés par un vilain vraiment vilain, par exemple.
Mais après tout, les films DC ne risquent pas de s'éteindre du jour au lendemain dans les salles obscures et je suis prêt à parier que cet aspect de Batman finira bien par arriver sur nos écrans. Un peu de patience donc, tout vient à point qui sait attendre.