Comme chaque année, en clôture de la saison des cérémonies de remises de prix, les Razzie Awards livrent leurs sélections des pires films et performances de l'année passée. A ceux qui n'auraient jamais eu vent de cet équivalent anglophone des Gérards (parodie locale des Césars du cinéma), imaginez la scène du bal dans le Carrie de Brian de Palma : une jeune femme passe une belle soirée, emballe le beau garçon, est applaudie par ses pairs et couronnée reine du lycée - et là, patatra, on l'asperge de sang porcin, on la pointe du doigt et on rigole méchamment. Chaque année, les Razzie font à peu près ça avec le cinéma, au cas où trop de gens auraient eu à rattraper trop de bons films après les Golden Globes et les Oscars, ou que la célébration et les claps claps de la foule auraient dérangé de grognons voisins.
Cette tradition contestée des cimes d'Hollywood, qui célèbre ses quarante ans d'existence avec cette édition 2020, et où les adaptations de comics,
Hellboy en particulier, se seront faites une petite place, annonce son palmarès. Dans l'escarcelle des dérivés de licences ou de bande-dessinées, nous noterons :
- Dans la catégorie du plus mauvais acteur, David Harbour pour Hellboy, aux côtés de James Franco dans Zeroville, Matthew McConaughy dans Serenity, Sylvester Stallone dans Rambo : Last Blood, et John Travolta dans The Fanatic, Trading Paint
- Dans la catégorie de la plus mauvaise actrice dans un second rôle, Jessica Chastain pour Dark Phoenix, aux côtés de Cassi Davis dans A Madea Family Funeral, Judi Dench dans Cats, Fenessa Pineda dans Rambo: Last Blood, et Rebel Wilson dans Cats
- Dans la catégorie du plus mauvais acteur dans un second rôle, Bruce Willis dans Glass (qu'on va intégrer au genre du super-héros), aux côtés de James Corden dans Cats, Tyler Perry dans A Madea Family Funeral, et Seth Rogen dans Zeroville
- Dans la catégorie du pire metteur en scène, Neil Marshall pour Hellboy, Fred Durst pour The Fanatic, James Franco pour Zeroville, Adrian Grunberg pour Rambo : Last Blood, et Tom Hooper pour Cats
- Dans la catégorie du pire scénario, on retrouve Hellboy, Cats, The Haunting of Sharon Tate, A Madea Family Funeral, et Rambo: Last Blood
- Dans la catégorie "pire remake, plagiat ou suite", Hellboy, Godzilla : King of the Monsters, Dark Phoenix, et A Madea Family Funeral
- Dans la catégorie "pire manque de respect à la vie humaine et à la propriété publique", quoi que ça veuille dire, on retrouve Joker, Hellboy, Dragged Accross Concrete, Rambo : Last Blood, et The Haunting of Sharon Tate
On retrouve aussi une catégorie de ceux qui se seront "rachetés" une carrière avec leur dernier projet (où vient se loger
Keanu Reeves pour les
John Wick aux côtés d'
Eddie Murphy et
Adam Sandler). A noter que les
Razzies ne sont pas des débutants dans la catégorie des adaptations de comics, avec notamment la cérémonie de 2016 où
Batman V Superman : Dawn of Justice avait écopé de sélections dans les catégories pire film, pire scénario, pire suite, pire réalisateur, pire premier rôle et pire second rôle. Soulevant ainsi l'ire des fans de
Zack Snyder,
Ben Affleck,
Jeremy Irons et
Jesse Eisenberg, tous nommés avec un prix de groupe.
Dans l'absolu, il paraîtrait ridicule de jouer la carte du premier degré ou de prendre cette remise des "pires prix" au sérieux. Cela étant, IndieWire, comme d'autres, se seront plusieurs fois exprimés sur la validité de cette cérémonie particulière où les jurés ne se sentent apparemment pas obligés de voir les films sélectionnés. Le fait de taper systématiquement sur les cibles les plus faciles (on retrouve en l'occurrence quelques têtes de turcs habituelles pour cette édition 2020) et de préférer les films les plus détestés par le public aux oeuvres réellement mauvaises, mais moins connues, a pu passer à plusieurs reprises pour une tentative d'attirer l'attention.
Cela étant, on se souviendra que Donald Trump est lui-même lauréat de plusieurs Razzies pour ses apparitions dans deux documentaires sortis en 2018, qui lui auront valu le prix de pire acteur et de pire prestation à l'écran dans deux oeuvres séparées. Comme quoi, même les blagues les plus lourdingues tombent parfois au bon moment.