A force d'ouvrir tous les tiroirs, de soulever tous les tapis et d'ouvrir tous les placards du grenier à la recherche d'une bonne idée susceptible d'être publiée, Archie Comics a fini par retrouver le personnage de Bob Phantom. Qui traînait sous un meuble. Personnage très ancien inventé par Harry Shorten et Irv Novick dans Blue Ribbon #2 (1939) chez MLJ publications, l'ancêtre des éditions Archie, celui-ci s'apprête à faire son retour dès cet automne pour une toute nouvelle aventure. Le héros était apparu dans les Mighty Cruisaders (qui avaient d'ailleurs tenté leur propre retour en grâce récemment, sans succès) et accompagnait le mouvement des clones de Superman et Batman dans les premiers temps de l'âge d'or. James Ill se chargera du scénario avec Richard Ortiz aux dessins - et puisqu'il s'agit encore d'un projet Archie Comics, dites le avec nous :
"Il s'agira d'un one-shot !"
C'est dingue, et à la fois, plus tellement surprenant. La maison d'édition
assume aujourd'hui de ne rien publier à part des numéros uniques et auto-contenus, même dans le cas de résurrection tardives de héros fondateurs.
Bob Phantom n'échappe pas à la règle, et cette tentative de come back tardif n'aura donc droit qu'à un modeste
one-shot pour faire ses preuves. Tant pis pour vous si l'histoire vous plaît ou si vous reniflez la potentialité d'une intrigue de long terme. Ce n'est pas prévu. Circulez, d'ailleurs. Y en a marre de vos exigences irréalistes là. Oh.
En comics, Bob Phantom est un personnage doué de téléportation, capable de se rendre immatériel et de traverser les espaces solides. Des pouvoirs plutôt honnêtes pour ce grand ancien de la chronologie des super-héros américains, qui occupe, à la Clark Kent, un boulot de simili-journaliste dans sa vie civile. James Ill retrouve le héros dans une posture plus moderne - critique professionnel des représentations théâtrales de New York dans la presse - et vaguement inversé par rapport à d'habitude. Effectivement, depuis 1939, la criminalité a connu un net recul dans la capitale culturelle des Etats-Unis. Or, puisque Bob Phantom vit majoritairement sur la base de ses écrits journalistiques, dans lesquels il détaille les aventures de son alter-ego, un recul des crimes et des délits signifie que le personnage a moins de choses à raconter. Et donc, moins de contrats, moins de piges, moins d'argent à gagner.
Le synopsis du numéro nous laisse donc entendre que Phantom devrait... se fabriquer de nouveaux ennemis pour pouvoir continuer à exercer son activité de super-héros. Une façon intéressante de démonter l'idée que les vengeurs masqués seraient les alliés du peuple, quand la plupart fonctionnent sur une dynamique surréaliste de super-vilains généralement créés par leur faute. Pensez à Batman et au Joker - on a souvent accusé le justicier d'avoir inventé involontairement ses propres adversaires. Ce renversement de perspective ajoute au passage une notion capitaliste, qui explique que le héros aurait besoin de super-méchants pour pouvoir payer le loyer et remplir le frigo au point d'en créer lui-même. Avouez que l'histoire a du potentiel. Quelque part, c'est dommage que ça ne dure qu'un seul numéro.
Bob Phantom #1 est attendu pour le 16 novembre 2022. Jamal Igle signe la couverture variante.