DC
comics trust les charts ce mois-ci mais n'est pas pour autant le seul
éditeur à publier de la bonne bande-dessinée outre-Atlantique.
Marvel ne se laisse pas démonter et nous a offert de belles
publications ces dernières semaines. Outre le gros Fear Itself et l'Annual des New Avengers, les mutants sont le fer de lance de la
Maison des Idées ces temps-ci. Ainsi, non content d'offrir une
révolution sans précédant aux enfants de l'atome au moyen du Schism de Jason Aaron, Marvel a rendu aux Ultimate X-Men un nouveau
titre mensuel. Deux ans après l'arrêt du premier volume des
aventures des jeunes mutants, ce relaunch est-il à la hauteur des
attentes qu'il aura pu engendrer chez un lectorat nerveux ?
Après
la mort de Spider-Man et le relaunch de la ligne Ultimate, le seul
titre à avoir eu la chance d'être lancé en douceur est le nouveau Ultimate Comics Spider-Man. Comme on a pu le voir, Ultimate Comics
The Ultimates #1 (UU) au-delà de son titre qui prête à rire est
mal parti. Trop brouillon, le titre perd le (nouveau) lecteur et
dépeint des personnages qu'on peine à reconnaître. De son côté Ultimate Comics Hawkeye #1 est tout simplement terne. Après ces deux
déceptions, le Ultimate Comics X-Men #1 qui a su se faire attendre
laissait présager le pire. Heureusement, Nick Spencer connaît son
affaire et le prouve.
Le titre a ça en commun avec UU #1
qu'il multiplie les intrigues. On suit la nouvelle Jean Grey partir à
la chasse aux nouvelles recrues. Nous sommes témoins du sort réservé
aux mutants enfermés dans des centres de concentration. Nous
assistons à la réaction des médias face à l'annonce fracassante
de l'origine des mutants. On fait un détour par la Maison Blanche en
compagnie de Nick Fury et Quicksilver. Enfin, on prend une tasse de
thé dans les tunnels Morlock avec Kitty Pride, Iceman et Johnny
Storm. Seulement, malgré ce tour du monde mutant en 22 pages, le
lecteur n'est pas perdu. Le récit conté par un narrateur révélé
à la fin du numéro est propre. Il donne toute sa cohérence à
l'épisode, pose le ton et s'achève sur une note qui se ne sera pas
sans rappeler le Scarlet de Bendis. Et Scarlet, c'est bon.
Un
bon récit donc, mais surtout, une bonne histoire de mutants. Spencer
nous livre un premier chapitre chargé en émotion, et comme en
témoigne à la perfection le Schism #4 de Jason Aaron sorti en même
temps que ce numéro 1, pour écrire l'histoire mutante il faut
attaquer la corde sensible. Le scénariste parvient ainsi à se
réapproprier les thèmes forts des titres X réguliers tout en
s'affranchissant de ces derniers. En somme, il parvient à donner
tout son sens au Ultimate apposé au X-Men sur la couverture. Bien
qu'établissant un statu quo radicalement différend de ce que la
ligne régulière nous propose, l'auteur américain fait de ce titre
une série sur laquelle les fans de X-Men vont devoir compter.
Seule
tache au tableau, le fait que la lecture de Ultimate X semble
indispensable à qui veut saisir dans l'ensemble le caractère des
personnages présentés. Aussi, à n'en pas douter ceux qui
décideront de tout de même faire l'impasse sur la mini-série de Jeph Loeb peuvent faire confiance à Nick Spencer pour les
accompagner dans la découverte des nouveaux personnages. Enfin, si
le scénariste sait ce qu'il fait, Paco Medina n'est pas en reste. Le
dessinateur mexicain sort d'une cure de X-Men sur la série éponyme
et la transition d'un univers à l'autre se passe sans accrocs et on
ne peut qu'espérer qu'il ne quitte pas le titre de si tôt.
Ultimate Comics X-Men #1 achève ainsi de couper la poire en deux. Marvel nous a présenté quatre nouveaux titres Ultimate et s'en sort avec deux très bons face à deux autres médiocres. Les Ultimate X-Men sont de retour, et c'est presque aussi frais que lorsqu'on les avait découvert il y a 10 ans. L'avenir de la série s'annonce plein de surprises. Un monde nouveau ouvre ses portes aux mutants et aux lecteurs. Accompagné d'un Paco Medina en forme, Nick Spencer nous offre ici une série au ton unique qui à n'en pas douter saura se trouver un lectorat solide sans le moindre problème.